Une page déchirée d'un geste de la main et de simples pensées s'envolent dans le lointain. Une fois de plus, Ren se promenait sur les différents ponts du bateau en réfléchissant aux choses qui emplissaient son esprit à chaque minute depuis que tout était arrivé. Il n'aurait normalement pas du le faire, il se serait rendu compte qu'il n'avait rien à penser ici, mais il ne cessait de laisser son esprit vagabonder d'une idée à l'autre, se posant toujours plus de question et se demandant même s'il était normal d'agir ainsi. C'était une habitude depuis quelques temps; penser sans avoir un but précis, se poser des questions sur les choses et leur raison d'être... Même sur la sienne. Est-il possible d'avancer sans compter les secondes lorsque notre coeur ne bat plus que pour nous garder en vie? Une interrogation qui faisant sans doute partie de celles qui perturbaient actuellement l'asiatique tandis qu'il parcourait le pont où devait se trouver sa suite.

Depuis bien longtemps désormais, Ren vivait dans le seul but de voir le soleil se lever le lendemain. Il décidait de ses objectifs au jour le jour, ne faisais plus de projets… était-il encore entier maintenant qu’elle était partie ? Non, pas selon lui. Il avait perdu une part si importante de sa personne lorsqu’il avait vu son nom apparaître, lui annonçant brutalement que tout était terminé. Il n’avait pas pu lui dire au revoir comme il l’aurait du, il n’avait pas pu lui dire une dernière fois je t’aime… Il était obligé de vivre avec et, au contraire de ce que son entourage lui conseillait sans cesse, il ne parvenait pas à se détacher de ce passé si heureux qu’il avait vécu en compagnie de sa petite amie désormais disparue…

Ses amis avaient tenté de le faire sortir, de lui faire voir du monde, mais il n’avait jamais réellement accepté. Quand tout s’était terminé, le nippon s’était comme refermé, prenant sur lui la plupart des choses sans plus oser avouer ce qu’il ressentait. Il n’avait plus accepté d’écouter leurs conseils comme il le faisait avant, plus jamais il n’avait laissé les gens l’inviter dans des endroits où il s’était si souvent rendu en sa compagnie. Ces moments, ces lieux,… ces souvenirs étaient tous devenus tellement douloureux aujourd’hui, et le brun ne possédait pas encore la force nécessaire pour les affronter.

Désormais, il faisait comme si de rien n’était,… du moins lorsqu’il le pouvait. Il esquivait les discussions traitant des couples, évitait les personnes désireuses de discuter de sentiments… En clair, il s’était créé une bulle dans laquelle il se réfugiait à chaque fois que les conversations prenaient une tournure désagréable à ses yeux. Oui, une chose aussi belle que l’amour avait réussi à faire de lui une personne dont les paroles n’allaient que très rarement dans un sens émotionnel… Ce qu’il pensait, il le gardait pour lui ; ses regrets également…

Dans tous les cas, Ren remuait ces pensées et souvenirs tandis qu’il marchait vers sa cabine. Une fois arrivé devant la porte, il tenta de l’ouvrir une première fois : celle-ci lui résista. Il réessaya, toujours sans succès et, au bout de quelques secondes, il se demanda s’il faisait bien comme il le fallait. Le brun ne se questionna même pas sur la justesse de son jugement, à savoir s’il était au bon endroit, car il était dans un état d’étourderie dans lequel il se trouvait très rarement, et il se contenta de continuer à essayer de rentrer, se demandant presque pourquoi la porte refusait s’obtempérer et s’obstinait à rester fermée. Il était calme, certes, mais il ne cessait pas d’essayer de déverrouiller la porte de la suite qui, selon lui, lui appartenait.

Spoiler:

Peut-être aurait-il été plus judicieux de penser à vérifier le numéro de cette porte avec celui affiché sur la clé. Malheureusement, il n’était pas réellement possible pour Ren de penser intelligemment : il était bien trop dans les nuages pour tenir un raisonnement un tant soit peu rationnel et logique. Il ferma les yeux et poussa un profond soupir tandis qu’il essayait encore et toujours d’ouvrir la porte devant laquelle il se trouvait. Il ne s’était pas rendu compte de son erreur. Le jeune homme ne le compris qu’en voyant une personne juste devant son nez, une personne armée d’une paire de ciseaux.

« Euh… »Laissa-t-il échappé, dubitatif.

Tout d’un coup, Ren se sentit bien mal à l’aise d’avoir troublé le repos d’une personne… Celle-ci était effectivement en pyjama, il en déduisit donc qu’elle était occupée à dormir au moment où il était arrivé. Il se frotta un peu l’arrière de la tête, levant enfin les yeux vers le numéro de la cabine qui, effectivement, n’était pas la sienne. Sur ces paroles, il se recula de quelques pas, pinçant les lèvres avant de s’incliner faiblement.

« Excusez-moi de vous avoir réveillé, je… je pensais que c’était ma cabine. »S’excusa-t-il platement.

Il espérait que cet inconnu accepterait ces excuses si sincères. Le jeune homme fini par se redresser et lui jeta un regard. Ce garçon lui disait vaguement quelque chose, mais il ne se souvenait pas de suite de la personne à qui appartenaient ce visage et ces traits. Le brun pointa simplement le bout du couloir pour annoncer quelque chose d’une voix assez calme.
« Je suis Wakiya Ren, j’occupe la cabine voisine… J’étais dans la lune et je me suis trompé. » Avait-il expliqué dans autre forme de discours.

Peut-être que ce gars n’en avait rien à faire, mais il était clair qu’il lui devait des excuses. Réveiller quelqu’un à cette heure simplement parce qu’il était tête en l’air… N’était-ce pas réellement stupide ? Oui, cela l’était. Cependant, aussi stupide puisse-t-il se sentir, Ren avait l’impression de le connaître et n’arrêtait pas de se questionner sur son identité.

HRP:

Toujours armé de son couteau derrière lequel il se cachait, en état d'alerte, il ne comprenait pas ce qu'il se passait. Le jeune homme en face de lui devait le prendre pour un fou sorti de l'asile. Le jeune homme brun en face de lui avait l'air tout aussi perturbé aucune son ne sortait de sa bouche sauf un bref "euuuh".

La peur avait laissé place à la colère, comme à son habitude. Il ne laissa rien paraitre car il n'était pas trop réveillé et que le mystérieux intrus avait l'air vraiment gêné. Cependant sa tête ne lui était pas inconnue et il se creusa les méninges pour essayer de se rappeler où il avait bien pu le croiser. Le son de sa voix le fit sortir de ses pensées.

Excusez-moi de vous avoir réveillé, je… je pensais que c’était ma cabine.

Ca tu peux le dire que tu t'es trompé de cabine , mais pourquoi insister ><. Kiyoshi se murmurer beaucoup de chose dans sa tête et ne trouva rien à répondre qui ne put le blesser. Il le regarda de la tête au pied, il avait l'air en piteux état. Son salue était formel et il apprécia ce geste. Le brun continua.

-Je suis Wakiya Ren, j’occupe la cabine voisine… J’étais dans la lune et je me suis trompé.

Ce nom résonna dans sa tête Wakiya, Ren. Son kohai qui avait osé lui dire qu'il foutait sa vie en l'air. Comment avait-il pu oublier sa tête? Il avait beaucoup changé aussi bien physiquement que mentalement. Il n'avait pas le souvenir d'un jeune homme morne et vide. Lui qui était si amoureux de sa fiancée. C'était grace à lui qu'il avait réouvert les yeux et il lui devait la vie. Si il n'avait pas osé ce jour que serait devenu Kiyo?

-Ren? C'est bien toi? Tu te souviens peut être pas de moi pourtant je t'ai causé beaucoup de tort plus jeune. Tu t'es souvent inquiété pour moi alors que tu n'aurais pas du. J'étais vraiment égoïste, pardonne moi.

Il s'inclina à son tour, c'est vrai il lui devait beaucoup d'excuses. Les rôles étaient inversés à l'époque Ren était le senpai et Kiyo le kohai. Ren s'était trop souvent impliqué pour lui trouver des excuses quand il séchait les cours ou lorsqu'il se faisait arrêter. Maintenant Kiyoshi avait changé et il devait tenir son rôle de senpai. Quelle belle occasion qu'il soit son voisin il allait pouvoir se rattraper, enfin il espérait.

-C'est moi, Hanabusa Kiyoshi! S'il te plait ne réveille plus ton senpai comme cela, j'ai failli faire une attaque!

Jamais Ren ne s’était senti aussi stupide qu’actuellement. Certes, il avait déjà eu l’air idiot lorsqu’il avait ouvert la porte de la mauvaise classe en période scolaire, il avait déjà eu l’impression d’être bête en répondant à une personne qui ne l’appelait pas simplement parce qu’il se nommait Ren à l’instar d’un autre mais, cette fois-ci, c’était peut-être bien la pire. Comment avait-il pu oublier que sa chambre n’était pas celle sur laquelle il s’acharnait ? Pourquoi ne l’avait-il pas compris alors qu’il venait d’essayer de l’ouvrir plusieurs fois sans succès ? L’esprit était parfois un véritable labyrinthe pour les personnes qui s’y perdaient et c’était précisément le cas du nippon qui, désormais, s’y égarait à chaque fois que l’occasion se présentait. Il savait que c’était mauvais, qu’il risquait de se noyer dans des souvenirs heureux et beaux et d’y rester piéger mais, au final, qu’est-ce qui était le mieux pour lui ? Devait-il se perdre dans un monde de rêves oubliés ou se maintenir sur le chemin d’une vie tracée sans l’avoir, elle, à ses côtés ? Tout l’y ramenait décidément.

Qu’il soit huit heure du matin ou minuit, Ren ne connaissait aucun répit. Elle venait et partait de son esprit sans cesse et le faisait plonger dans une mélancolie profonde dont il ne pouvait s’échapper depuis deux ans désormais. Sa fiancée, sa future femme, celle qui aurait pu être la mère de ses enfants, celle qu’il aurait voulue comme telle… Pourquoi lui avait-elle été enlevée aussi tôt ? Pourquoi ce jour là ? Pourquoi elle et pas un autre ? C’est avec une amertume qu’il ne connaissait que trop bien que le brun se remémorait désormais les moments passés en sa compagnie, lorsqu’il la tenait dans ses bras, lui parlait de ses projets d’avenir, l’embrassait et même lorsqu’il l’avait demandée en fiançailles. Ces choses, ces premières fois, il ne pourrait jamais les oublier et, il en était certain, il ne pourrait plus les vivre de la même manière à l’avenir. D’aucun diraient qu’il devait commencer son deuil un jour… mais à ses yeux celui-ci n’était pas encore arrivé.

Actuellement, il se trouvait là, l’air stupide et gêné, devant la porte d’une cabine qui n’était pas la sienne, menacé par un homme devant qui il venait de s’excuser. Peut-être aurait-il du être plus regardant lorsqu’il avait tenté d’ouvrir la porte, mais, maintenant, les choses étaient faites et il ne pouvait pas faire marche arrière, retourner au moment où il s’approchait de la porte, lever la tête et se rendre compte qu’il allait essayer d’entrer chez un parfait inconnu. Un parfait inconnu ? Cela n’était peut-être pas vrai : cet homme rappelait vaguement quelqu’un au brun qui se mit à se questionner sur son identité ; peut-être le connaissait-il déjà ? Dans l’attente d’une réponse à ses excuses, ne serait-ce que quelque chose qui lui confirmerait que celles-ci étaient acceptées, le jeune homme se contenta de poser le regard sur cet homme qui se trouvait devant lui.

Avez-vous déjà eu ce sentiment étrange de connaître une personne sans parvenir à vous rappeler de l’endroit où vous l’avez rencontrée pour la toute première fois ? Ce genre de chose, aussi frustrant soit-il, est assez commun en fin de compte. Parfois, il suffit d’avoir pensé à autre chose trop vite, un peu comme lorsqu’on a le nom d’une personne sur le bout de la langue. Dans d’autres cas, il peut s’agir d’une période de notre passé que l’on souhaite oublier ou, du moins, à laquelle on tente de ne plus penser en niant son existence. Mais le déni d’une chose, le refus d’admettre que celle-ci ait un jour existé, peut-il réellement permettre de considérer qu’une chose n’a pas existé ? Est-ce ainsi que l’on passe à autre chose ? Non. Cela, Ren ne l’avait pas bien compris.

Depuis deux ans déjà il s’enfermait dans une bulle imperméable aux sentiments, depuis deux ans déjà il cherchait à éviter les sujets glissants, les sujets qui lui rappelleraient de trop la femme qu’il avait tant aimé mais, au final, il ne faisait que souffrir lorsqu’il venait à y penser. Sur ce laps de temps que certains qualifieraient de court, Ren avait beaucoup changé. Il était devenu une personne fermée, souriant peu, parlant rarement et il avait un peu laissé son corps subir le terrible mal être qu’il avait pu ressentir durant les premiers mois. Il avait appris à ne plus se laisser aller, mais il avait encore beaucoup de difficultés à y parvenir. Il n’aurait jamais cru que quelqu’un puisse encore le reconnaître après ces deux années. Ce fut cependant le cas.

Le regard du brun se leva vers celui de l’inconnu qui s’excusait à lui comme s’il avait réellement quelque chose à se reprocher. Ren ne comprenait pas, c’était à lui de présenter ses excuses puisqu’il avait tenté de s’introduire chez cet inconnu… inconsciemment du moins. Désormais, les choses lui semblaient plus claires car le comportement de cet homme lui laissait à penser qu’il n’avait pas totalement tort lorsqu’il croyait l’avoir déjà vu quelque part avant ce jour. Il sourit faiblement, un peu mal à l’aise d’être peut-être confondu avec une autre personne, mais visiblement son prénom disait quelque chose à cet homme qui pensait lui avoir causé beaucoup de tort par le passé. Du tort ? Personne ne lui en avait fait depuis deux ans et puis… qu’est-ce que c’était réellement ?

« Ce...ce n’est rien. »Dit-il faiblement en de demandant pourquoi cet homme agissait ainsi d’un coup.

Depuis deux ans, personne ne lui avait réellement fait de tort. Après tout, il s’était isolé, avait arrêté de discuter avec bon nombre de ses amis et se limitait à des conversations sans but précis et qui ne contenaient bien souvent rien de plus que de simples mots… des sujets sans importance en résumé. Il ne se souvenait pas réellement de cet homme et, bien qu’il tente de s’en rappeler, cela fut le cas jusqu’à l’entente de son nom. Hanabusa ?

« Senpai… ? »

Ses yeux se firent ronds comme des billes ou, du moins, s’agrandirent fortement tandis qu’il regardait son senpai de l’époque. Il ne savait pas quoi dire, cherchant à camoufler son embarras. Il était tellement différent de celui qu’il était à ce moment… Kiyoshi savait-il pour ce qui lui était arrivé ou était-il totalement inconscient des changements soudains qui s’étaient opérés dans sa vie ? Tout ce qu’il espérait en cet instant, c’était qu’il ne parle pas de sa fiancée en cet instant… Il était bien trop perdu pour cela.

Devait-il être heureux de le voir ou au contraire attristé de se montrer sous un tel jour ? Il ne pouvait clairement pas être fier de la personne qu’il était devenu, surtout pas après avoir sermonné son propre senpai afin qu’il ne gâche pas sa vie. C’était stupide, mais Ren savait qu’il avait fait le contraire de ce qu’il avait conseillé à Kiyoshi et, pour cette raison, il culpabilisait un peu. Il aurait voulu faire comme lui, se ressaisir et devenir meilleur mais, désormais, il n’arrivait plus à effacer ces souvenirs douloureux… Il mit donc quelques secondes avant de reprendre la parole.

« Ca fait longtemps. »Dit-il en souriant devant ce fantôme de son passé.

Tout compte fait, il était heureux de faire sa rencontre ici, alors que c’était totalement imprévu. Il savait qu’il songerait à son passé plus tard, mais d’un autre côté, cela voulait bien dire que rien n’était perdu à jamais, pas vrai ? Il n’avait plus eu de nouvelles, mais il recevait le signe qu’il devait continuer... Même si elle n’était plus là, il pouvait avancer un peu et retrouver des personnes chères à ses yeux, des personnes qui l’avaient connue et avec qui il pourrait parler d’elle un jour… Il le savait et, dans un sens, c’était assez agréable à savoir.

« Je suis vraiment désolé de t’avoir réveillé. J’étais totalement ailleurs. »

Certes, il radotait, mais il ne s’en rendait pas compte. En fait, retrouver une personne comme Kiyoshi venait de faire ressortir tellement de sentiments en lui qu’il n’avait plus réellement idée de ce qui avait déjà été dit ou non. C’était tout à fait normal pour une personne aussi perdue que Ren.

La personne qui l'avait en face de lui était totalement différente de ce qu'il avait connu auparavant. Il était renfermé, ne souriait même plus et ne m'avait pas parlé une seule fois de sa fiancée. Peut être par manque de temps mais Kiyoshi n'y croyait pas trop. Qu'était-il arrivait à son protégé de l'époque? il savait qu'il était en partie responsable par le vide laisser par sa présence à ses côté. N'était-il pas censé le guider, le soutenir, le guider?

Ren avait autant changé que lui finalement et il reconnaissait très bien cet état. Il devait vraiment savoir le passé de Ren pendant son absence. Mais il ressentait qu'il devait pas l'attaquer direct mais plus l'amener à se confier. Il était tellement déconnecter qu'il arrivait à se tromper de cabine.

Le changement de comportement de Kiyo l'avait surpris et il était encore plus décontenancé et à l'est qu'au début. Ses yeux s'écarquillèrent quand il reconnu enfin son sempai. Son sourire éclaira en un instant le joli visage du jeune homme et Kiyoshi vu un instant le Ren qu'il avait laissé au lycée. Finalement rien n'était perdu cette personne était toujours en lui. KIyo lui fit son plus beau sourire pour profiter de cet instant chaleureux et le pris dans ses bras, en brisant tous les codes de sempai/kouhai.

"Je suis vraiment désolé de t’avoir réveillé. J’étais totalement ailleurs."

Kiyoshi se racla la gorge et l'invita à entrer dans sa cabine, il en avait perdu la notion du temps. Son chiot, Heian, était toujours très content quand il y avait du monde et lui fit la fête en réclamant toujours plus de câlins et même le prendre dans les bras. Il rigolait dans son fort intérieur:

"C'est un pot de colle méfie toi ! ;) mais il est tellement mignon comment résister!"

Puis il reprit son sérieux, pour lui demander de façon détournée si il avait besoin d'une quelconque aide. Il avait bien pensé à faire comme Ren à l'époque, mais leur caractères sont bien différents et peut être que cette méthode serait inefficace avec lui.

"Ren, tu as une mine affreuse.... Te tromper de cabine ou même errer comme ça ne te ressemble pas, si tu as besoin de quelqu'un ou quelque chose tu ne dois pas oublier que je suis là. C'est vrai je n'ai rien fait par le passer pour le prouver mais grace à toi j'ai changé."

Enfin il n'allait quand même pas le brosser dans le sens du poil et espérait obtenir une confession de Ren.

Coller un nom sur un visage après tant de temps était une tâche qui, dans le cas présent, pouvait se révéler plutôt ardue. Le brun se souvenait vaguement des traits de son sempai mais, de toute évidence, il ne parvenait guère à se rappeler de la personne qu’il était exactement, du moins pas avant que celui-ci ne le lui fasse remarquer de lui-même. Ceci fait, il s’était d’ailleurs excusé, même s’il l’aurait fait en présence de toute autre personne que son sempai et, dans un élan soudain de conversation, il lui avait signifié qu’il était ailleurs. Effectivement, il était totalement perdu dans ses pensées.

Perdu dans sa vie, perdu dans son cœur, perdu dans bien des domaines et, au final, il ne savait plus s’il parviendrait un jour à retrouver le chemin dont il s’était éloigné. Ce chemin, celui du bonheur, n’était-il pas au final, semé d’embûches et de complications dont la vie d’un homme n’avait aucun besoin ? Il savait que cette recherche, désormais, lui ferait plus de mal que de bien. Il avait tellement souffert de la perte du bonheur qu’il avait trouvé sans peine, alors qu’en serait-il de celui qu’il aurait atteint au prix de nombreuses blessures ? Quelque part, le brun n’avait pas envie de connaître la réponse de cette question qui, tout comme lui, se voulait fortement pessimiste.

Depuis quelques années désormais, Ren avait perdu le goût de nombreuses choses qu’il aimait faire lors de son temps libre. Finies les sorties entre amis et les rencontres avec sa petite amie, finies les longues heures d’études durant lesquelles il ne pensait qu’au moment où il pourrait l’avoir à nouveau dans ses bras. Aujourd’hui, il ne restait de ces moments que les souvenirs dont les flammes brûlaient à vif le cœur du japonais. Il avait perdu tant de choses en si peu de temps et désormais, le monde dans lequel il vivait ne ressemblait plus à ce qu’il avait été dans le passé. Désormais, il n’était plus que l’ombre de celui qu’il était lorsqu’ils étaient fiancés.

Tels des amants maudits, ils avaient cru que leur vie serait rose et belle, comme des amants maudits, la fin de leur histoire avait été tragique. Dans ce genre de scénario, la fin est très rarement heureuse… Jamais ils ne s’aimeraient longtemps et jamais ils n’auraient beaucoup d’enfants. Ces pensées, aussi réelles soient elles, blessaient Ren au plus profond de lui-même. Il devait se lever chaque jour en essayant d’oublier cet espoir juvénile, cette impression que sa petite amie était simplement partie pour un long voyage et allait en revenir sous peu, comme si rien ne s’était jamais produit. Perdu dans ses pensées, c’était à ce genre de choses que le brun avait pensé un peu plus tôt.

Il ne s’attendait pas à tomber sur son sempai, encore moins dans une situation aussi embarrassante que celle qui était survenue en cet instant et, pour cette raison, il fut d’autant plus surpris de sentir celui-ci le prendre dans ses bras. Ses yeux s’écarquillèrent légèrement alors qu’il réfléchissait, essayant tant bien que mal de comprendre ce que son sempai faisait là en cet instant. Quelque part, il savait cette question stupide, mais il se demandait sans cesse si cela n’était qu’un pur hasard.

Alors qu’il pensait rentrer dans sa cabine après quelques instants, bien qu’heureux d’avoir rencontré à nouveau cet homme qu’il avait du blâmer lorsqu’ils n’étaient qu’adolescents, Ren se vit invité à entrer dans la cabine de Kiyoshi et, lorsqu’un animal vint lui faire la fête, il le regarda pendant quelques secondes avant de réagir, lui offrant une petite caresse sans réellement se montrer enjoué. Il avait trop réfléchi, comme à l’habitude, et désormais il ne faisait que s’enfoncer dans un tourbillon qui l’engloutissait sans lui laisser de chance d’en réchapper.

« Tu as raison. » Dit-il en riant très faiblement avant de caresser une nouvelle fois le chien qui semblait avide de câlins.

Il avança un peu dans la pièce, espérant ne pas faire de mal et ne pas replonger dans cet état de « rêverie » profonde dans lequel il avait été quelques minutes plus tôt. Il savait qu’il ne pourrait pas tenir longtemps si quelqu’un commençait à lui parler et, quelque part, il craignait d’en venir au sujet si sensible à ses yeux, ce sujet qui ne ferait que lui prouver qu’il n’avait pas réussi grand-chose dans sa vie et que, désormais, plus rien ne serait possible sans elle.

« Ne t’en fais pas pour moi, je suis juste un peu malade. » Avait-il répondu, mentant ouvertement car il n’avait pas envie de dévoiler à son camarade ce qu’il avait réellement.

C’était la seule excuse qu’il avait été capable de trouver pour justifier cette mauvaise mine que son ancien camarade avait remarquée… Il ne pouvait pas en dire plus et il savait envie de ne pas le faire… il ne voulait pas craquer devant une personne qu’il connaissait, d’autant plus si celle-ci avait subi ses remontrances par le passé.