Yuri jeta un coup d’œil à l’une des horloges qui ornaient les murs du restaurant alors qu’elle revenait d’une des cabines où elle avait été emmenée une commande. C’était bientôt l’heure de sa pause, enfin, elle courait d’un bout à l’autre du paquebot depuis déjà trois bonnes heures et elle avait vraiment hâte de se poser un moment. Elle en profiterait pour passer ce moment avec Eichi, elle l’avait mis à la garderie du Paradise Place aujourd’hui, heureusement qu’il y en avait une, car quand elle n’avait personne pour le garder, cela lui rendait bien service. La jeune femme passa devant le bar du restaurant et rentra dans les cuisines avant de s’asseoir sur l’une des chaises posées là, normalement elle devait passer par la sortie de service, là où le room-service passait pour distribuer les commandes, mais elle avait eu la flemme de faire le tour. Il lui restait dix minutes avant sa pause et avec un peu de chance, personne n’aurait faim d’ici-là et ce seront ces collègues qui s’en chargeront. Elle observa vaguement les restaurateurs s’agiter devant leurs fourneaux, le restaurant était encore bien rempli. Yuri s’étira et regarda l’heure de nouveau, plus que cinq minutes. Mais c’était décidément bien trop beau pour être vrai, lorsque la personne qui s’occupait des réceptions de coups de téléphone pour le room-service lui annonça qu’il y avait une nouvelle commande. Elle grogna intérieurement et attendit que le chariot soit prêt pour se relever.

Une fois que tout soit prêt, elle se leva et sortie des cuisines poussant l’éternel chariot devant elle. Elle loucha sur la note, les suites du Sun Desk, bon après ça, garderie pour récupérer son fils et décompresser un peu avec lui avant de reprendre son service. La jeune maman évita plusieurs passagers assez habilement, il manquerait plus qu’elle rentre dans les clients, il fallait éviter de faire des bêtises dès ses premières semaines de boulot. Le patron était sympa, mais si elle accumulait les gaffes, elle se ferait renvoyer. Yuri s’arrêta devant la suite dont le numéro coordonnait avec celle de la note et toqua. « Bonsoir, room-service! » Elle attendit patiemment que quelqu’un vienne ouvrir, ce qui se passa quelques secondes plus tard. Le jeune homme qui avait commandé l’invita à entrer, mais elle déclina poliment, peu rassuré par le sourire qui ornait ses lèvres et lut rapidement la commande pour voir si tout concordait avec ce qu’il voulait. Celui-ci acquiesça et elle lui avança donc le chariot dans la chambre avant de le saluer et de sortir de la chambre. Sauf que le jeune homme devait sans doute avoir envie de compagnie vu qu’il l’arrêta au-devant de sa porte pour lui demander de rentrer de nouveau. Yuri déclina une nouvelle fois et fit un pas en arrière, jetant un coup d’œil aux alentours. Bien sûr, personne quand elle en avait besoin.

« Excusez-moi monsieur, mais je fais partie du room-service et non du club d’hôtes et hôtesse, vous n’avait qu’à vous y rendre, d’accord ? Bonne soirée. » Elle recula afin de retourner vers le hall, mais il l’attrapa un peu vivement par le bras tentant de la charmer pour qu’elle rentre dans sa suite. Décidément, elle aurait dû regarder un peu mieux la liste noire affichée sur le tableau dans les cuisines, un moyen pour les employés de décompresser et d’être au courant. Elle n’y avait pas pris guère, ce n’était pas des passagers quelque peu malpoli ou chiants qui allaient lui faire peur, mais finalement elle aurait dû regarder cette liste pour voir si ce passager un peu trop entreprenant était dessus. Si jamais son numéro de cabine n’est pas dessus, elle se ferait un plaisir de le rajouter avec un petit commentaire en prime. Elle tenta de se défaire de son emprise, tout en gardant son sang-froid, sa politesse et son attitude de non-violente, bien que ça la démangeait de lui crier dessus et de lui envoyer un coup de pied bien placé. Mais même si son fils n’était pas là, elle ne voulait pas être un mauvais exemple. « Monsieur lâchez-moi s’il vous plait, je vais être obligée d’en parler à mon supérieur si vous ne vous raisonnez pas. » Et ça serait bien que quelqu’un arrive aussi.